Full text loading...
-
Sacralité épique ou profanation fabuleuse? L’éducation séculière de L’honneur de la tribu de Rachid Mimouni
- Source: International Journal of Francophone Studies, Volume 16, Issue 4, Dec 2013, p. 437 - 454
-
- 01 Dec 2013
Abstract
The epic and the novel are narrative forms closely tied to the modern experience of the secular, or what George Lukács has described as a world abandoned by God. This article examines whether the postcolonial novel produced at the margins of the European literary tradition stands in a similar aesthetico-political relationship to the experience of secular modernity. Using Algeria as a case study, it reviews the historical, political, and cultural tensions between secularism and Islamism in postcolonial Algeria. Next, it analyses Rachid Mimouni’s L’honneur de la tribu, a novel published in 1989, the watershed year that inaugurated the bloody civil war between the secular, socialist state and the Islamist opposition in Algeria. Borrowing elements from the epic and the fable, the novel’s dystopic imaginary blurs the distinction between the sacred and the profane in order to express a secularism of pluralism and the toleration of difference.
Quelle est la relation entre la sécularité, le sécularisme et le projet pédagogique du roman? Qu’est-ce que la littérature pourrait nous apprendre dans un monde privé des certitudes de la transcendance et livré à la contingence de son immanence? ‘Le roman’, déclare Lukács, ‘est l’épopée d’un monde abandonné par Dieu’. Notre article propose une lecture d’un roman par un écrivain algérien postcolonial, L’honneur de la tribu de Rachid Mimouni, afin de tenter de répondre à ces interrogations. Le roman a été publié en 1989, l’année qui a inauguré la guerre civile sanglante en Algérie. L’honneur de la tribu, qui affiche toutes les caractéristiques littéraires de l’épopée, de la fable, de la satire et de l’utopie, constitue un roman d’apprentissage ou un roman d’éducation, où la narration se déploie par le biais d’une écriture parabolique. Mais son impulsion ouvertement didactique se fourvoie dans les détours inventifs d’un langage figuré qui contourne la fixité programmatique d’un destin religieux pour la nation et la communauté politique. L’ambiguïté ironique, en déviant les bases d’une instrumentalisation de la foi religieuse, fonctionne comme le médiateur évanouissant qui sécularise le sécularisme à travers un engagement autocritique avec la justice sociale, l’égalité, le pluralisme et la tolérance.